Chien 51 (Laurent Gaudé)
Laurent Gaudé qui s'essaye au polar et plus encore à la science-fiction, cela me donnait très envie, et je dois tout de suite dire que je n'ai pas été déçu.
L'anticipation proposée par Laurent Gaudé sur s'appuie sur un point de départ simple : en faillite, la Grèce en tant qu'Etat n'est plus, le pays a été racheté par une société privée. Après des mois d'émeutes réprimées dans le sang, les athéniens ont été triés par leur nouveau propriétaire, les plus “socialement utiles” se sont vus proposer un contrat de travail, les autres ont été déportés dans des contrées éloignées.
Dès les premiers chapitres, j'ai trouvé des similitudes avec Les Furtifs d'Alain Damasio avec cette façon d'imaginer une ville du futur totalement privatisée, dont les habitants sont tous des citoyens-salariés d'un consortium privé et où certaines zones sont réservées à des privilégiés. Le style de Laurent Gaudé est toutefois différent de celui d'Alain Damasio, pas forcément plus littéraire mais moins dans la recherche de trouvailles linguistiques ; le rendu est peut-être moins “gadget”.
Le récit lui-même est porté par une enquête sur un meurtre, qui nous permet de découvrir la mégalopole et ses coulisses. Ce n'est à vrai dire pas forcément le plus important dans ce roman. On se laisse porter par l'enquête et sa résolution, mais pour moi ce fut surtout un prétexte pour visiter cette ville dystopique et réfléchir sur les chemins qui ont mené la société dans cet état si peu désirable, chemins qui ressemblent étrangement à ceux que nous empruntons depuis plusieurs décennies.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce nouveau roman de Laurent Gaudé, dans un genre auquel il ne nous avait pas habitué, mais qu'il aborde avec son talent d'écriture et sa capacité à nous immerger dans son univers.
Zéro Janvier – @zerojanvier@diaspodon.fr