Résister à la culpabilisation (Mona Chollet)
Résister à la culpabilisation est le nouvel essai de la journaliste et essayiste Mona Chollet, publié en septembre 2024 chez La Découverte.
Harcèlement, humiliations, insultes : nous sommes bien averti.es de ces fléaux de la vie en société et nous nous efforçons de lutter contre eux. Mais il y a un cas de figure que nous négligeons : celui où l'agresseur, c'est... nous-même. Bien souvent résonne dans notre tête une voix malveillante qui nous attaque, qui nous sermonne, qui nous rabaisse ; qui nous dit que, quoi que nous fassions, nous avons tort ; que nous ne méritons rien de bon, que nous présentons un défaut fondamental. Cette voix parle particulièrement fort quand nous appartenons à une catégorie dominée : femmes, enfants, minorités sexuelles ou raciales...
Ce livre se propose de braquer le projecteur, pour une fois, sur l'ennemi intérieur. Quels sont ces pouvoirs qui s'insinuent jusque dans l'intimité de nos consciences ? Comment se sont-ils forgés ?
Nous étudierons quelques-unes de leurs manifestations : la disqualification millénaire des femmes et, notamment, aujourd'hui, des victimes de violences sexuelles ; la diabolisation des enfants, qui persiste bien plus qu'on ne le croit ; la culpabilisation des mères, qui lui est symétrique ; le culte du travail, qui indexe notre valeur sur notre productivité ; et enfin la résurgence de logiques punitives jusque dans nos combats contre l'oppression et nos désirs de changer le monde.
Outre une introduction, le texte est composé d’un prologue suivi de 6 grandes chapitres qui abordent chacun le thème de la culpabilisation à travers un prisme spécifique :
- Prologue : héritage culturel chrétien, péché et culpabilisation
- Les femmes
- Les enfants
- Les mères
- Le travail
- Le militantisme
Comme toujours avec Mona Chollet, le propos est richement documenté et l’argumentaire est souvent convaincant. L’autrice aborde de nombreux sujets, cela part parfois vers des directions inattendues, mais il y a toujours un fil rouge autour du sentiment de culpabilité et de la culpabilisation. Mona Chollet prend position, elle ne cache pas ses opinions, tout en sachant nuancer certains de ses propos et même reconnaître des erreurs commises dans ses ouvrages précédents. C’est plutôt sain et louable.
Globalement, j’ai trouvé ce livre très intéressant, et j’ai plutôt été convaincu par les idées partagées par Mona Chollet.
Zéro Janvier – @zerojanvier@diaspodon.fr