Three Californias Trilogy (Kim Stanley Robinson)

La trilogie californienne de Kim Stanley Robinson est composée de trois romans publiés entre 1984 et 1990, dans lesquels l’auteur américain de science-fiction imagine trois futurs possibles pour la Californie, et en particulier pour le comté d’Orange.


1. The Wild Shore

2047 : for the small Pacific Coast community of San Onofre, life in the aftermath of a devastating nuclear attack is a matter of survival, a day-to-day struggle to stay alive. But young Hank Fletcher dreams of the world that might have been, and might yet be — and dreams of playing a crucial role in America’s rebirth.

Dans le premier roman de la trilogie, The Wild Shore, publié en 1984, Kim Stanley Robinson imagine une Californie post-apocalyptique, après que les États-Unis aient été dévastés par une attaque nucléaire russe et mis depuis en quarantaine par les Nations Unies. Sur la côte ouest, la flotte japonaise surveille les survivants et tente d’empêcher toute réunification des communautés isolées.

Le protagoniste, Henry, est un adolescent de dix-sept ans qui vit dans un petit village côtier où quelques habitants tentent de survivre de pêche, d’agriculture, et d’échanges avec les communautés voisines. Avec ses amis, il rêve d’aventure, sans avoir conscience des dangers qui les entourent, malgré les mises en garde de Tom, le vieux professeur, si vieux qu’il a connu l’Amérique « d’avant ».

Je crois qu’il s’agit du premier roman publié par Kim Stanley Robinson, et je dois dire que j’ai été impressionné. Pour un premier roman, c’est une sacrée réussite. J’ai aimé le décor qu’il a imaginé, les personnages qu’il met en scène, et le récit qu’il nous permet de suivre.

Ce qui ajoute un certain charme à ce roman, quatre décennies après sa publication, c’est de voir le futur imaginé par Kim Stanley Robinson au milieu des années 1980, avec les préoccupations de l’époque : l’ennemi restait l’Union soviétique et son arsenal nucléaire, le Japon la puissance montante dans la Pacifique, et la Chine n’est quasiment pas citée.


2. The Gold Coast

2027 : Southern California is a developer’s dream gone mad, an endless sprawl of condos, freeways, and malls. Jim McPherson, the affluent son of a defense contractor, is a young man lost in a world of fast cars, casual sex, and designer drugs. But his descent in to the shadowy underground of industrial terrorism brings him into a shattering confrontation with his family, his goals, and his ideals.

Le deuxième tome de la trilogie, The Gold Coast, publié en 1988, nous plonge dans une Californie dystopique, où Kim Stanley Robinson a poussé à fond les curseurs du capitalisme et de l’ultra-libéralisme déjà triomphant à l’époque de l’écriture du roman.

D’une certaine façon, il s’agit d’une vision cauchemardesque et à peine déformée de la Californie d’aujourd’hui, en tout cas telle que l’auteur pouvait l’imaginer à l’époque. C’est le règne de la voiture et de l’urbanisation à outrance, quand même les parcs nationaux sont sacrifiés au profit de projets immobiliers démesurés.

Kim Stanley Robinson adopte ici une narration plus chorale : si Henry était clairement le protagoniste du premier roman, et si Jim, lui aussi amoureux des livres, semble son alter-égo et se situe au coeur du récit, nous suivons également son groupe d’amis mais aussi sa famille. Chaque personnage est intéressant à suivre et émouvant à sa façon. Je dois dire que la ligne narrative d’Abe m’a particulièrement touché.

A travers le personnage de Dennis, le pire de Jim, ingénieur malmené par un manager toxique dans une compagnie d’armement, l’auteur propose une critique féroce du monde de l’entreprise, du management, et du complexe militaro-industriel.

J’avais un peu d’appréhension en commençant ce deuxième roman de la trilogie, car sa version du futur de la Californie était celle qui me séduisait le moins, sans doute parce qu’elle est trop proche de notre présent ou du futur très proche que nous pouvons apercevoir. Finalement, j’ai beaucoup aimé ce roman, grâce à ses personnages très vivants, son récit captivant, et au talent de romancier de Kim Stanley Robinson. Je me demande même si je ne l’ai pas trouvé encore meilleur que le premier.


3. Pacific Edge

2065 : In a world that has rediscovered harmony with nature, the village of El Modena, California, is an ecotopia in the making. Kevin Claiborne, a young builder who has grown up in this “green” world, now finds himself caught up in the struggle to preserve his community's idyllic way of life from the resurgent forces of greed and exploitation.

Le dernier tome de la trilogie californienne, Pacific Edge, publié en 1990, met en scène la Californie comme une utopie éco-socialiste, qui a fait le choix d’un usage raisonné des ressources naturelles et de la technologie, mais où la menace du capitalisme tentateur n’a pas totalement disparu.

Le protagoniste est Kevin Claiborne, un jeune trentenaire qui rénove des maisons dans une petite communauté urbaine en Californie. Quand le roman commence, il vient de rejoindre le conseil municipal pour le « parti vert » et s’oppose très vite au nouveau maire et ses projets de développement immobilier. Cette opposition est renforcée par leur rivalité pour le coeur de Ramona, une amie d’enfance de Kevin.

Le récit de ce troisième roman est sans grand surprise et n’est peut-être pas celui qui m’a le plus passionné, mais j’ai bien aimé sa toile de fond. Kevin et ses proches nous permettent de découvrir une Californie éco-socialiste qui a fait des choix forts, notamment sur la gestion de l’eau comme un commun qui doit être exclu de la loi du marché, mais qui s’apprête à céder à nouveau aux sirènes du capitalisme et son illusoire « progrès ».

Le roman se lit bien et complète très bien les deux premiers. Je ne sais pas ce que j’en aurais pensé s’il s’agissait d’un roman indépendant, mais en tant que dernier tome de la trilogie, il fonctionnement parfaitement.


Conclusion

Les trois livres qui composent la trilogie californienne nous parlent du rapport entre la civilisation et les espaces naturels au sein desquels elle s’épanouit. Avec leurs trois futurs de la Californie, ils proposent d’explorer trois approches des liens entre technologie et nature, entre progrès et bonheur, entre individualité et communauté.

Dans chacun des trois romans, tel un fil rouge, le personnage de Tom Barnard, vieux mentor des protagonistes, sert de garant de la mémoire du passé et de témoin des changements, pour le meilleur comme pour le pire. Il est à la fois l’alter-ego de l’auteur et du lecteur, qui tous deux connaissent le monde réel et les chemins vers ces futurs possibles, plus ou moins désirables.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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