Vous parler de mon fils (Philippe Besson)

Je lis tous les romans de Philippe Besson depuis la publication du premier, En l’absence des hommes, en 2001. Certains font partie de mes romans préférés en littérature française, d’autres m’ont laissé un goût plus mitigé, en particulier depuis quelques années. Sa proximité affichée avec Emmanuel et Brigitte Macron m’a probablement refroidi sur l’auteur, dont j’ai parfois dit que j’aimais les livres mais pas la personnalité.

Je continue toutefois à lire ses romans à chaque sortie, et c’est ce que j’ai encore fait avec Vous parler de mon fils, publié aujourd’hui chez Julliard, et que j’ai lu entre ce matin et ce soir.

Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu'un instant. Votre enfant vient vous raconter l'humiliation, la persécution, le bannissement. C'est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C'est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C'est l'être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n'est que le début. Que les toutes premières minutes.

Cette fois, Philippe Besson s’attaque au thème du harcèlement scolaire, avec une pointe d’homophobie, et du suicide chez les adolescents. On pense bien sûr à Lucas, ce jeune adolescent de 13 ans qui s’était donné la mort en 2023 après avoir subi du harcèlement homophobe au collège ; le livre lui est d’ailleurs discrètement dédié.

Lorsque j’ai découvert la quatrième de couverture, j’ai été un peu inquiet. J’avais peur que le choix du sujet soit un peu opportuniste et le contenu un peu convenu. C’est parfois le travers des romans les moins personnels de Philippe Besson, quand il se saisit d’un sujet de société « dans l’air du temps », comme il l’avait fait maladroitement à mon avis en 2023 avec les violences conjugales et le féminicide dans Ceci n'est pas un fait divers, un livre correct mais qui manquait d’âme.

Cette fois, il y a de l'émotion, même si je n'arrive pas à savoir quelle part revient au sujet, à ma sensibilité à l’égard de cette histoire, et à l'auteur lui même par son écriture. Ce qui est sûr, c’est que la frontière est fine entre l’émotion et le mélodrame ; à chaud, je n’arrive pas à déterminer si Philippe Besson reste toujours du bon côté au fil du texte.

Malgré ces réserves qui ne sont peut-être que des a priori négatifs de ma part, j’ai été touché par ce roman. Comme toujours avec Philippe Besson, le texte est court et fluide, les phrases et les chapitres s’enchainent facilement, et on se surprend parfois à être saisi au vif par une phrase qui vise juste au milieu d’un paragraphe qui peut sembler banal. En tout cas, pour moi, cela a fonctionné. Ce n’est peut-être pas son meilleur roman, mais c’est tout de même une réussite.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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