Young Mungo (Douglas Stuart)

Young Mungo est le second roman de Douglas Stuart, après Shuggie Bain que j'ai lu juste avant celui-ci.

On y retrouve les motifs, que l'on devine autobiographiques, du premier roman : l'enfant différent qui grandit pendant les années 1980 dans un quartier défavorisé de Glasgow, entre une mère alcoolique, un père absent du paysage, un grand frère et une grande soeur qui tentent de vivre leur vie chacun à leur façon. Au tout début du roman, j'ai d'ailleurs eu peur de relire un peu le même roman que le précédent : même si les prénoms ne sont plus les mêmes, on retrouve le même cadre, le même personnage principal, et le même environnement social et familial. Heureusement, Douglas Stuart apporte quelque chose de plus dans ce cadre connu. Là où Shuggie Bain racontait principalement l'enfance de Shuggie, l'auteur nous propose cette fois de suivre un épisode de l'adolescence de son personnage principal, ici renommé Mungo.

Mungo a 15 ans et rencontre James, un catholique de seize ans qui vit dans le quartier en face du sien. Dans ce milieu où des bagarres éclatent régulièrement entre gangs protestants et catholiques, cette relation doit rester secrète. Entre homophobie, tensions religieuses et territoriales, et pression familiale de part et d'autre, tout concoure à séparer les deux jeunes garçons.

Le roman nous permet de suivre deux récits parallèles, en léger décalé.

D'une part, à partir du mois de janvier, nous assistons à la vie quotidienne de Mungo dans son environnement familial et social, à sa rencontre avec James, et aux débuts de leur relation secrète. Mungo est entrainé contre son gré dans les exactions de son frère aîné, chef du gang protestant du quartier qui s'attaque aux voisins et ennemis catholiques, dont James fait partie.

D'autre part, nous suivons un week-end du mois de mai, quand Mungo est emmené en camping par deux hommes que sa mère a rencontré aux Alcooliques Anonymes et auxquels elle a confié son fils pour lui apprendre à pêcher et en faire un homme.

Il n'y a pas vraiment d'énorme surprise dans le récit, tout se passe plus ou moins comme on peut s'y attendre dès les premières pages, mais ce n'est pas là l'essentiel. Le récit est sans surprise mais parfaitement déroulé, avec des personnages parfaitement écrits et une atmosphère tragiquement réaliste.

Comme je le disais, j'avais peur au début de ma lecture de relire le même roman que le précédent, mais j'ai finalement trouvé celui-ci encore meilleur. Ils s'appuie sur les fondations du premier tout en allant plus loin. Ainsi, l'homosexualité et l'homophobie, qui n'étaient qu'abordées de façon sous-jacente dans le premier roman, sont ici au premier plan. C'est comme si l'auteur avait posé un décor dans Shuggie Bain et qu'il pouvait maintenant l'utiliser pour ajouter une couche supplémentaire à son récit.

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce roman. C'est une lecture exigeante, parfois déprimante, mais passionnante et absolument utile.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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