Dark Light est le deuxième tome de la trilogie de science-fiction Engines of Light de l’écrivain écossais Ken MacLeod. J’avais beaucoup aimé le premier tome Cosmonaut Keep qui était riche en promesses pour la suite de la trilogie. J’ai donc enchainé directement avec le suivant, et je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps : je n’ai pas été déçu !
Par rapport au premier roman qui proposait une structure narrative avec deux lignes temporaires, l’une dans le futur proche et l’autre dans un futur et un espace très loin, celui-ci est plus simple : l’action se déroule dans le futur lointain, à des milliers d’années-lumières de notre système solaire, dans la continuité des événements du premier tome. Nous y retrouvons les personnages que nous avions suivi dans Cosmonaut Keep, cette fois réunis au même endroit, au même moment. Cela permet un récit relativement plus simple, maintenant que les bases ont été posées.
Ce récit s’attarde principalement sur les conséquences de l’arrivée de voyageurs interstellaires humains sur la planète Croatan, où des sociétés distinctes vivaient jusque là de façon relativement harmonieuse. Cette arrivée risque de bouleverser des équilibres précaires.
Avec ce roman, Ken MacLeod nous propose d’explorer la rencontre entre des sociétés différentes, avec leur histoire, leur mythologie, leur organisation sociale, leur rapport à la technologie, leur mode de vie. Il y a bien sûr le choc de culture entre les autochtones et les voyageurs venus de l’espace, mais aussi des différentes entre les différentes cultures qui cohabitent déjà sur la planète. Pour l’auteur, dont on connait la fibre politique, c’est l’occasion d’explorer des modèles de société différents.
Il y a notamment toute une réflexion au sein d’une des cultures présentées sur la distinction entre sexe biologique et genre social. Ainsi, nous rencontrons deux personnages qui illustrent cette approche : Stone est né(e) homme mais se reconnait et est socialement reconnu comme une femme car il refuse de se battre ; Gail est né(e) femme mais est socialement reconnu(e) comme homme car elle exerce la profession de mécanicien(ne) considérée comme exclusivement masculine. Bien sûr, cette approche n’est pas exempte de de stéréotypes et de défauts, que l’auteur ne manque d’ailleurs pas de mettre en scène dans le roman.
Par rapport au premier tome qui était principalement centré sur l’aspect technologique de la science-fiction, celui-ci m’a semblé plus politique. Certains personnages parmi les cosmonautes et leurs alliés autochtones illustrent parfaitement la tension entre d’une part le désir d’une démocratie directe avec des assemblées populaires autonomes (sur le modèle de communes en auto-gestion) et d’autre part la volonté d’instaurer un Etat central pseudo-démocratique, dont la principale mission serait de garantir le libre-échange et l’aboutissement serait l’instauration d’un modèle capitaliste étatiste industriel. Ken MacLeod rejoue ainsi, avec plus ou moins de subtilité même si cela ne m’a pas du tout dérangé, bien au contraire, le vieil antagonisme entre communistes et anarchistes, ou plus précisément entre communistes autoritaires et libertaires.
J’ai beaucoup parlé ici des aspects sociaux et politiques du roman, mais cela ne doit pas cacher le récit lui-même, qui tourne autour des inévitables transformations que l’arrivée du vaisseau interstellaire provoque sur la planète Croatan. Entre intrigues politiques, complots commerciaux, révoltes sociales, et tensions raciales, il y a de quoi s’occuper dans ce roman riche mais passionnant, d’autant que la galerie de personnages offre des personnalités originales et mémorables. Une mention spéciale pour Stone, mon personnage coup de coeur de ce roman.
Au moment de terminer ce deuxième tome, j’ai déjà très envie de me plonger dans le suivant, en espérant qu’il clôture en beauté cette trilogie qui a jusque là su me séduire et m’enchanter. On en reparle certainement très vite ici !
Zéro Janvier – @zerojanvier@diaspodon.fr
Discuss...