Zéro Janvier

Chroniques d'un terrien en détresse – Le blog personnel de Zéro Janvier

Catherine Dufour est une personnalité que j’apprécie et que je prends plaisir à écouter régulièrement dans des émissions de radio ou dans des épisodes de podcasts pour parler de science-fiction ou d’informatique. Je connais finalement moins l’autrice, même si j’avais lu et beaucoup aimé son roman Le goût de l’immortalité. Il faudra que je rattrape un jour mon retard sur ses publications mais en attendant j’ai eu envie de lire son dernier roman, Les Champs de la Lune, qui vient tout juste de sortir dans la collection Ailleurs & Demain chez Robert Laffont.

Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas la Lune ? Mais la vie est rude sous le feu blanc du Soleil. À l'abri de son dôme agricole près du cratère Lalande, une fermière regarde les moissons et les générations s'élever et retomber comme les marées terrestres.

Le soir, au clair de la Terre, elle parle avec son chat des fièvres qui frappent les humains, des fissures qui menacent la survie de la ferme, des enfants saisis par l'appel du vide, des robots fous et des fleurs dans la mer de la Tranquillité.

Son quotidien bascule le jour où on lui confie le soin d'une petite fille a la main verte. Qui fera éclore l'autre ?

Nous suivons le quotidien à la surface de la Lune d’El-Jarline, une agricultrice qui s’occupe d’une ferme qui doit nourrir la cité voisine souterraine, ou plutôt soulunaire. Le récit prend la forme des rapports qu’elle adresse à l’institution bureautique pour laquelle elle travaille. Le ton est ironique, un peu désabusé, et le rendu est plutôt drôle.

Ses alertes de sécurité sur la fissure du dôme ou sur une plante invasive sont ignorées, et on pense à ces scientifiques qui ont alerté sur le changement climatique sans être véritablement entendus. Se sachant non lue, El-Jarline se permet de plus en plus de remarques sarcastiques, et cela devient franchement hilarant.

La narratrice nous fait voyager avec elle sur la Lune colonisée, nous découvrons avec elles ses paysages naturels et ses constructions humaines. À travers ses voyages et ses rencontres, El-Jarline fait part de ses observations et son regard étonné et mi-moqueur fait penser aux Lettres persanes de Montesquieu, comme je l’ai entendu dans une émission de radio où était évoqué le roman de Catherine Dufour. A travers elle, nous observons la façon dont les humains vivent sur la Lune et comment la société lunaire s’organise. Les conditions à la surface sont dangereuses, la vie peut être cruelle, mais l’autrice montre comment cette cruauté n’est pas sans poésie.

Le rythme du récit peut sembler lent mais je préfère le qualifier d’immersif, on suit le quotidien de la narratrice et on se laisse emporter par les descriptions des paysages lunaires et de ses habitants, humains et non-humains. Il y a un fil rouge autour de la fièvre aspic, une maladie qui décime la population lunaire et sur laquelle la narratrice va enquêter.

L’humour est très présent mais il y aussi des émotions plus tristes, quand la narratrice découvre le deuil. El-Jarline s’éveille progressivement à des émotions qu’elle découvre, et c’est assez touchant.

Globalement, il s’agit d’un très beau roman de science-fiction, inventif et poétique. Après cette lecture, je suis encore plus décidé à rattraper mon retard dans les oeuvres de Catherine Dufour.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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Cyberpunk’s Not Dead, sous-titré Laboratoire d’un futur entre technocapitalisme et post-humanité est un essai de l’enseignant-chercheur en science politique Yannick Rumpula, publié en 2021 chez Le Bélial.

Surgi au cours des années 1980, le cyberpunk a marqué la science-fiction de son empreinte, donnant une contrepartie littéraire aux fulgurances esquissées au cinéma par l’iconique Blade Runner. Avec des œuvres majeures comme Neuromancien de William Gibson, tout un imaginaire s’est alors ouvert, révélant des anxiétés appelées à résonner durablement…

Prolifération technologique, évasion dans des mondes virtuels, domination économique des multinationales, précarisation sociale, fragmentations culturelles en nouvelles tribalités : en quoi et comment ces visions peuvent-elles (encore) faire sens à quelques décennies de distance ?

Yannick Rumpala, maître de conférences en science politique à l’université de Nice, explore ici les thématiques et projections installées par ce mouvement littéraire, la manière dont il s’est coulé dans une modernité déjà chancelante et a cultivé les germes des incertitudes futures de nos existences. Tel un laboratoire dont les expérimentations auraient malencontreusement débordé…

J’avais bien aimé Hors des décombres du monde : écologie, science-fiction et éthique du futur, l’essai précédent de Yannick Rumpala que j’avais lu la semaine passée, même s’il était dense et pas toujours accessible aux non-initiés en sciences sociales. Celui-ci reste érudit et bien documenté mais il m’a semblé plus facile d’accès. J’ai en tout cas moins buté sur ces concepts inconnus, à moins qu’ils soient tout simplement mieux expliqués ou contextualisés.

L’auteur propose un parcours autour de 6 thématiques, dans 6 chapitres successifs :

  1. Cyber / Code
  2. Capitalisme / Corporations
  3. Cités
  4. Corps / Cyborgs
  5. Chaos / Contre-cultures / Criminalité
  6. Cyberespace

Yannick Rumpala propose ainsi une exploration de l’imaginaire cyberpunk à travers ses aspects et ses figures, en faisant des liens avec les sciences sociales. Il analyse cet imaginaire angoissé et désenchanté typique des années 1980, et comment il peut être relu et revisité aujourd’hui. Le texte se lit très bien et je l’ai souvent trouvé passionnant. Moi qui avais plutôt un apriori défavorable à l’esthétique et aux thématiques du cyberpunk, je dois dire que cela m’a donné envie de plonger dans les oeuvres emblématiques de ce genre.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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La séquence Aardtman est un roman de science-fiction de Saul Pandelakis, publié en 2021 Éditions Goater.

Alors que la Terre devient progressivement inhabitable, les êtres humains restants doivent cohabiter avec des bots post-singularité. Pour faire face à l’effondrement climatique, des navettes spatiales sont envoyées à travers la galaxie, à la recherche de planètes susceptibles d’être terraformées.

Le vaisseau ari-me poursuit cette mission. À son bord, Roz, homme transgenre, est l’un des informaticiens en charge de l’intelligence artificielle navigatrice. Mais quand un problème inattendu sur l’IA survient, il a besoin d’aide pour y faire face. Il la trouve auprès d’Asha, une chercheuse bot transgenre, qui milite sur Terre pour la cause des siens.

Entre Terre et espace, la correspondance entre Roz et Asha va rapidement prendre une importance cruciale. Jusqu’où celle-ci va-t-elle les mener ?

Je dois d’abord prévenir d’éventuels lecteurs de ce roman : le récit met du temps à se déployer, cela commence comme des tranches de vie de deux protagonistes, l’une sur Terre, l’autre dans son vaisseau d’exploration spatiale. Personnellement, cela ne m’a pas dérangé car j’aime ces récits d’un quotidien à la fois banal et dépaysant. Par moment, cela m’a fait pensé à Eutopia de Camille Leboulanger, même si ici l’utopie qui fait rêver a laissé la place à une dystopie ultra-capitaliste inquiétante, et diablement réaliste.

Les graines semées dans la première moitié du roman donnent de très beaux fruits quand le récit met en contact Asha et Roz, et j’ai beaucoup aimé suivre leur relation épistolaire. Les deux personnages sont attachants, et le lien qu’ils tissent en quelques jours l’est tout autant.

Tout cela donne un roman qui laisse une impression difficile à décrire, à la fois réconfortante et mélancolique. En tout cas, c’est très beau, et très bon.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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Hors des décombres du monde : Ecologie, science-fiction et éthique du futur est un essai de Yannick Rumpala, enseignant-chercheur en science politique, publié en 2018 aux Editions Champ Vallon.

L’humanité doit-elle se préparer à vivre sur une planète de moins en moins habitable ? Comment adapter l’équipement intellectuel collectif pour éviter cette situation ? Et pourquoi pas en recourant à la science-fiction et à son potentiel imaginaire ?

Dans la masse de récits et de représentations qu’elle offre, on peut trouver des ouvertures inspirantes, aidant à réfléchir, éthiquement et politiquement, sur les manières pour une collectivité de prendre en charge les défis écologiques.

La science-fiction, au-delà du découragement ou du sursaut de conscience qu’elle est censée susciter, offre à la réflexion , en plus d'un réservoir imaginaire, un support de connaissance qui est susceptible de nous aider à habiter les mondes en préparation. Et à avancer vers une autre éthique du futur…

En s’appuyant sur un corpus de textes francophones et anglophones, Yannick Rumpala plaide pour un usage des oeuvres de science-fiction comme des expériences d’exploration des futurs possibles. La science-fiction pourrait alors être un outil pour inclure le souci du long terme dans nos prises de décision collectives, en interrogeant les conséquences de nos décisions. Il s’agit en fait d’un moyen de tenir compte des effets de nos actions sur les générations futures ou sur les écosystèmes sur le long terme, à travers des expérimentations fictives mais non dénuées d’enseignements.

Le propos s’articule dans trois grands chapitres :

  1. Éprouver l’habitabilité des mondes
  2. Par-delà apocalypses et utopies
  3. Des espérances pour l’habitabilité planétaire ?

Dans la troisième partie, j’ai notamment retenu 6 typologies de lignes de fuite proposées par l’auteur à partir des oeuvres qu’il a étudiées : – l’abstention technologique – la frugalité autogéré (Les Dépossédés d’Ursula K. Le Guin) – la sécession acadienne (Ecotopia d’Ernest Callenbach) – l’abondance automatisée (avec le cycle de la Culture de Iain M. Banks) – le conservationnisme autoritaire – la spiritualité naturelle (comme dans le film Avatar de James Cameron)

Sur la forme, le vocabulaire est pointu et le texte est dense, ce qui ne le rend pas toujours aisé à lire. Ce n’est pas forcément un ouvrage de vulgarisation, mais le propos est très intéressant et ouvre des perspectives de réflexion.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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More Than Human est un roman de science-fiction publié en 1953 de l’écrivain américain Theodore Sturgeon. Bien que ce soit un grand classique de la science-fiction, je ne l’avais pas encore lu, mais cet oubli est désormais réparé.

All alone: an idiot boy, a runaway girl, a severely retarded baby, and twin girls with a vocabulary of two words between them. Yet once they are mysteriously drawn together this collection of misfits becomes something very, very different from the rest of humanity.

This intensely written and moving novel is an extraordinary vision of humanity's next step.

Je dois reconnaitre que j’ai eu un peu de mal au début : la première partie m’a semblé confuse. J’ai vraiment commencé à plonger dans le récit dans le deuxième partie, probablement la plus réussie. Le début de la troisième partie m’a à nouveau semblé confus, même si on finit par comprendre où l’auteur nous emmène. Ce qui est probablement un peu perturbant, c’est que plusieurs personnages ont des problème de mémoire, ce qui provoque de la confusion autant pour les personnages eux-mêmes que pour le lecteur. C’est peut-être l’effet visé par l’auteur, mais cela peut être déroutant.

Malgré ces quelques réserves, je comprends pourquoi ce roman est devenu un classique de la science-fiction. On y trouve des concepts novateurs à l’époque et qui vont ensuite irriguer les récits imaginaires pendant plusieurs décennies. Le récit lui-même est prenant, l’auteur joue parfaitement avec la structure de la narration pour créer du mystère et distiller progressivement des clefs de compréhension. En fait, on découvre la vérité plus ou moins en même temps que les personnages, et cela fonctionne parfaitement.

Ce que j’ai également beaucoup aimé dans ce roman, c’est que les protagonistes sont des personnes atypiques ou handicapées, des misfits comme le disent les anglo-saxons. Les héros et héroïnes sont des individus qui cherchent leur place dans une société qui les rejette. Je regrette presque de ne pas avoir découvert ce roman à l’adolescence, à une époque où une telle lecture aurait pu m’aider, ou du moins de me consoler.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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Après avoir consacré le très joli Monique s’évade à sa mère au début de cette année, Edouard Louis revient déjà avec un nouveau roman, L’effondrement, où il raconte la vie et la mort de son frère aîné, décédé à l’âge de trente-huit ans.

Mon frère a passé une grande partie de sa vie à rêver. Dans son univers ouvrier et pauvre où la violence sociale se manifestait souvent par la manière dont elle limitait les désirs, lui imaginait qu’il deviendrait un artisan mondialement connu, qu’il voyagerait, qu’il ferait fortune, qu’il réparerait des cathédrales, que son père, qui avait disparu, reviendrait et l’aimerait.

Ses rêves se sont heurtés à son monde et il n’a pu en réaliser aucun.

Il voulait fuir sa vie plus que tout mais personne ne lui avait appris à fuir et tout ce qu’il était, sa brutalité, son comportement avec les femmes et avec les autres, le condamnait ; il ne lui restait que les jeux de hasard et l’alcool pour oublier.

À trente-huit ans, après des années d’échecs et de dépression, il a été retrouvé mort sur le sol de son petit studio.

Ce livre est l’histoire d’un effondrement.

Sur la forme, comme souvent, Edouard Louis prend ce que j’appelle sa posture d’écrivain : il se met en scène en train d’écrire, le texte est donc à la fois un récit et la mise en scène de l’écriture de ce récit. Cela peut parfois agacer, mais cela fait partie du style de cet auteur, c’est ainsi qu’il écrit et il a au moins le mérite d’être cohérent d’un roman à l’autre.

Sur le fond, je dois dire que j’ai été emporté par ce récit d’une vie à la fois banale et tragique. Difficile de traverser ce livre sans être saisi d’une profonde tristesse et d’une cinglante indignation face aux déterminismes sociaux qui enferment dans des destins de malheur et de colère, tout le contraire de l’idéal d’émancipation qui doit permettre d’ouvrir le champ des possibles, de prendre d’autres chemins.

Il y a plusieurs passages qui en parlent très bien, comme celui-ci :

Mon frère a toujours eu cette tendance à vouloir le monde, il n’a jamais su que rêver grand, jamais de petits rêves, jamais les petits rêves que la plupart des gens formulent au quotidien, trouver un pavillon, acheter une voiture pour les promenades du dimanche, non, il n’a jamais su rêver que de gloire, et je crois que c’est la dimension de ses rêves, et le désajustement entre leur dimension et toutes les impossibilités qui ont formé sa vie, la misère, la pauvreté, le nord de la France, son destin, je crois que ce sont toutes ces contradictions qui l’ont rendu si malheureux. Mon frère était malade de ses rêves.

Ou celui-ci, sur l’école :

Comme tous les garçons dans notre monde il pensait que l’école ne l’intéressait pas, sans voir que c’était le cas de tous les garçons autour de nous, et que donc c’était un destin social qui s’imposait à eux, que c’était l’école qui ne voulait pas d’eux et qu’elle transformait l’exclusion en l’illusion d’un choix.

Ou celui-ci, sur les secondes chances qui n’ont pas offertes à tout le monde :

Ce que je vois – et ce que je m’apprête à dire est important pour la compréhension de mon frère, je crois – c’est que dans notre monde on ne pouvait pas se permettre d’essayer, pendant que dans d’autres mondes les erreurs sont possibles, et je me dis – ce n’est qu’une hypothèse, c’est trop tard maintenant – je me dis aujourd’hui que si mon frère avait grandi dans un autre monde nos parents lui auraient donné l’argent nécessaire pour commencer sa formation, ils auraient pu le faire, et peut-être qu’il ne l’aurait pas suivie jusqu’au bout, peut-être qu’il aurait abandonné ou qu’il aurait menti comme il l’avait fait avec le lycée, mais peut-être qu’il l’aurait suivie jusqu’au bout, et peut-être que cette formation aurait changé sa vie, et peut-être qu’il serait devenu quelqu’un d’autre, et peut-être qu’il aurait été plus heureux, plus épanoui, ces choses qu’on dit, et peut-être que grâce à ce bonheur nouveau il n’aurait pas sombré, et qu’il ne serait pas mort, on ne le saura jamais, parce que dans notre monde essayer n’était pas une chose possible, je l’ai vu plus tard dans le monde de ceux qui vivent dans le confort et dans l’argent, ou du moins avec plus d’argent et plus de confort, certains de leurs enfants étaient comme mon frère, certains buvaient, certains volaient, certains détestaient l’école, certains mentaient, mais leurs parents essayaient des choses pour les aider et pour tenter de les transformer, ils leur offraient une formation de pâtissier, de danseur, d’acteur dans une mauvaise école de théâtre trop chère, ils essayaient, et c’est aussi ça l’Injustice, certains jours il me semble que l’Injustice, ce n’est rien d’autre que la différence d’accès à l’erreur, il me semble que l’Injustice, ce n’est rien d’autre que la différence d’accès aux tentatives, qu’elles soient ratées ou réussies, et je suis tellement triste, je suis tellement triste.

Ou, enfin, celui-ci :

Quand j’ai commencé l’enquête sur lui, j’ai pensé qu’écrire l’histoire de mon frère, c’était écrire l’histoire d’un garçon à la vie entièrement délimitée et définie par les déterminismes sociaux : masculinité, pauvreté, délinquance, alcool, mort prématurée. Mais je vois aujourd’hui que sa vie raconte autre chose. Et si mon frère était mort à trente-huit ans non pas à cause du déterminisme social, mais à cause d’un accident dans le fonctionnement normal des forces sociales ? Voilà ce que je crois : dans le milieu de mon enfance, nos conditions de vie nous dictaient souvent nos rêves et nos espoirs. La violence du déterminisme social résidait aussi dans la façon dont il délimitait nos désirs : avoir une promotion à l’usine, acheter une télévision plus grande, obtenir un prêt pour une voiture. Si les rêves de mon frère étaient si vastes, et si désajustés par rapport à son existence, si ses rêves le plongeaient dans ce désespoir qui un jour est devenu la substance de sa vie, alors c’est que les mécanismes du déterminisme social ont échoué à totalement conditionner la personne qu’il était. La société n’a pas accompli sa mission. Ou elle n’en a accompli qu’une partie : la précarité, l’isolement, l’alcool. Mais pas le reste. Pas la délimitation des rêves.

Edouard Louis parle également très joliment de la souffrance de son frère :

La vie de mon frère ressemble à l’image répétée à l’infini d’un corps qui se débat dans les sables mouvants : c’est quand il cherchait à s’échapper qu’il s’enfonçait. Il rêvait d’une vie de gloire, ses rêves se heurtaient à la réalité qui était la sienne et le blessaient ; au fond, plus il rêvait et plus il suffoquait. Il buvait de l’alcool pour se sentir mieux et l’alcool l’enfermait dans son destin ; lui-même avait dit à ma mère, quelques mois avant de mourir : « J’ai bu pour m’évader et l’alcool est devenu ma prison. »

Il décrypte la difficulté à exprimer cette souffrance dans les classes populaires :

Dans une large partie de la classe ouvrière les blessures psychologiques n’existent pas. Dans l’entourage de mon frère on ne parlait jamais de traumatisme, de mélancolie, de dépression. Il existe au contraire dans les classes plus privilégiées des lieux et des institutions collectives pour évoquer ses blessures : la psychanalyse, la psychologie, l’art, les thérapies collectives. Si mon frère était blessé, il n’avait aucun lieu pour le dire.

Il y a également de jolis passages sur leur relation fraternelle, complexe :

Quand j’ai reçu la lettre du lycée où j’allais passer trois ans, pour me dire que j’avais été accepté, ce lycée qui représenterait mon éloignement définitif avec ma famille et avec mon milieu social, j’ai voulu me rendre à une journée portes ouvertes dans le lycée en question, avant la rentrée. J’étais inquiet et je me disais que je devais aller voir, que mon adaptation à ce monde nouveau serait plus facile si j’avais, avant de commencer, une idée de ce monde – c’était peut-être une précaution stupide mais j’en étais convaincu ; j’avais quatorze ans. J’ai demandé à mon père de m’y conduire et il a refusé. Mon frère était là, dans la pièce principale. Je ne l’ai su que plus tard mais pendant les jours qui ont suivi, il s’est battu, il a contacté des personnes autour de lui, il a appelé des amis, il s’épuisait à trouver quelqu’un qui aurait pu m’emmener. Il a finalement convaincu Angélique, l’amie de ma mère avec qui il avait une relation à ce moment-là, de prendre une journée de congé au travail. Il m’a accompagné. Sur le trajet il se tournait vers moi et il disait : Je laisserai pas le père t’écraser comme il m’a écrasé. Il fronçait les sourcils et il serrait les lèvres. Je laisserai pas nos parents te faire ce qu’ils m’ont fait. Mon frère vivait dans la terreur que ma vie ressemble un jour à la sienne.

Un autre passage :

Il disait qu’il était fier de toi. Il pleurait en parlant de toi, il me disait, Tu vois, mon petit frère, c’est un génie. C’est le génie de la famille. Il me disait, Des comme ça, tu en as dans une famille sur cent, peut-être une famille sur mille, sur dix mille. Personne n’est comme mon petit frère. Il fait des études, il va aller loin. Mon petit frère va faire ce que moi j’ai jamais réussi à faire et ça c’est ma fierté. Mon petit frère c’est ma revanche.

On retrouve ce parallèle entre leurs vies respectives :

Nos vies, ce n’était ni ma vie ni la sienne mais l’écart entre nous deux. Pendant que mon frère buvait j’étudiais la philosophie, je lisais des romans. Pendant que mon frère buvait j’écrivais. Pendant que mon frère buvait je voyageais. Rien ne peut dire cette distance entre nous. Rien ne peut dire la distance mais cette distance dit tout. La distance est une mémoire. Même quand je ne pensais pas à mon frère je ne l’oubliais pas. Je ne l’oubliais pas parce que sa vie était celle que j’aurais pu avoir, et que je ne l’ai pas eue, écrit Jamaica Kincaid. Je ne l’oubliais pas parce que sa vie contenait et représentait une trace de la mienne, de ma fuite loin de lui.

J’ai lu ce roman court et percutant en une journée, comme souvent avec Edouard Louis. Je crois qu’il m’a encore plus touché que son roman précédent sur sa mère.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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L’espoir et l’effroi est un livre de l’historien Xavier Vigna, publié en 2016 chez La Découverte. Il me semble que le sous-titre, Luttes d'écritures et luttes de classes en France au XXe siècle décrit bien l’objet de l’ouvrage : il s'agit pour l'auteur d'étudier les écrits par et/ou sur la classe ouvrière en France tout au long du XXe siècle, comme autant de luttes d'écritures qui participent aux luttes de classes.

En France, le XXe siècle a porté la classe ouvrière à son apogée. Vagues de grèves, syndicats et organisation politique ouvrière ont suscité l'espoir et l'effroi devant un possible bouleversement de l'ordre social. Ce double sentiment s'est exprimé dans une multitude d'écrits (ouvriers, patronat, fonctionnaires, prêtres, sociologues...) de tous types (brochures, témoignages, romans, archives, enquêtes...), autant de luttes d'écritures qui participent bien de luttes de classes.

Le XXe siècle a porté à son apogée la classe ouvrière en France. Les vagues de grèves qu'elle conduit et les organisations syndicales ou politiques qu'elle rejoint suscitent à la fois espoir et effroi, devant l'idée que les ouvriers puissent bouleverser radicalement l'ordre social.

Ce double sentiment s'est exprimé dans une multitude d'écrits. L'État par le truchement de la police ou des inspecteurs du travail, le patronat, les organisations catholiques, les sociologues, sans parler des lettrés qui choisirent de se faire ouvriers plus ou moins longtemps dès l'entre-deux-guerres, n'ont cessé d'évaluer la classe ouvrière et sa moralité. Les ouvriers ont répondu dans des tracts, des témoignages ou des romans, qui racontent le travail, la vie et les luttes.

Ce sont ces textes, tantôt sous forme d'archives, tantôt publiés, connus ou complètement inédits, que Xavier Vigna explore dans ce livre.Il montre que ces luttes d'écritures relèvent bien de luttes de classes.

On se souvient d'Emmanuel Macron dénonçant l'illettrisme supposé des ouvriers : quand un tel mépris vient légitimer la domination sociale et politique, quand l'anticommunisme conduit à l'anti-ouvriérisme, l'écriture ouvrière, qui réplique et réfute, oeuvre à l'émancipation individuelle et collective.

En revisitant l'histoire ouvrière, cet ouvrage invite à relire le XXe siècle français.

J’avais lu juste avant un autre ouvrage de Xavier Vigna, son Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, et je dois dire que je suis content de les avoir lus dans cet ordre. Si le premier était intéressant, il était aussi parfois un peu aride, alors que celui-ci est tout aussi dense mais m’a beaucoup plus séduit, sans doute parce qu’il aborde directement ces sujets qui me passionnent et me touchent : l’écriture et la littérature. Il y a ainsi une sorte de sensibilité dans cet ouvrage, et c’est appréciable dans un livre d’histoire au demeurant d’une grande rigueur.

Xavier Vigna parcourt avec nous des écrits sur la classe ouvrière, qu’ils soient écrits par des ouvriers ou non, et y décèle deux sentiments distincts : l’espoir et l’effroi, qui donnent au livre son titre. En mobilisant une multitude d’exemples issus d’enquêtes administratives ou policières, de discours et rapports patronaux, de textes syndicaux, des sciences sociales, et de la littérature, l’auteur montre comment ces écrits donnent vie à des représentations de la classe ouvrière, éclairent sur les points de vue divers sur cette classe centrale tout au long du XXe siècle, et participent ainsi d’une lutte des classes.

C’est un livre remarquable, l’un des meilleurs et plus beaux livres d’histoire que j’ai eu l’occasion de lire. Il est vrai que par mon histoire familiale, par ma passion pour l’écriture et la littérature, le sujet me touche particulièrement, mais je ne souhaite pas sous-estimer le travail remarquable et le talent d’auteur de Xavier Vigna qui ont permis de proposer cet ouvrage érudit et sensible. Quand l’Histoire touche au sublime …

J’ai passé une bonne partie de ma lecture à surligner des passages sur ma liseuse, j’aurais pu en restituer un grand nombre ici, mais je préfère me concentrer sur 2 extraits :

Le premier, qui peut sembler anecdotique mais m’a fait sourire, parle du fossé qui semble exister entre la classe ouvrière et le genre autobiographique :

Autant l'écriture militante peut en effet justifier de sa légitimité politique ou morale, autant l'introspection autobiographique ne semble pas présenter le même intérêt dans la classe ouvrière. Le sociologue Jean Peneff rappelle à cet égard que « l'attitude consistant à verbaliser longuement sur soi et à prendre comme centre d'intérêt la continuité de sa propre existence n'appartient pas également à toutes les classes sociales ».

Le second, plus long, est extrait de la conclusion :

Du côté de la classe ouvrière, deux effets politiques de la prise d’écriture méritent d’être relevés. Tout d’abord, l’analogie entre écrire et crier n’est pas seulement phonique : la prise d’écriture correspond également à la volonté de formuler une plainte ou une colère et d’alerter, de rassembler autour de cette voix. Dans le tract qui dénonce une condition et formule des revendications, dans l’article d’un journal ouvrier qui raille et alerte, dans le témoignage qui rapporte une trajectoire, s’entendent des voix coléreuses ou ironiques, un ton résolu ou emporté, une douleur et une crainte aussi. Car le récit ouvrier, quelle que soit la forme qu’il choisit, ne baigne jamais dans la sérénité, jusque dans l’évocation d’une victoire ou le récit d’une ascension exemplaire. Les ouvriers écrivent et crient tout en même temps : leur histoire, et donc leurs triomphes et leurs défaites, leur quotidien, leur travail, leur vie. L’écriture donne forme, consistance et ampleur à l’impétuosité liminaire et lui permet de circuler, d’émouvoir, de convaincre peut-être.

Il ne s’agit certes pas de faire de l’écriture un autre trait de la classe ouvrière qu’on associerait à une tradition de lutte. L’écriture, a fortiori ouvrière, demeure une pratique minoritaire. Toutefois elle constitue une activité individuelle qui, dans ses usages, et notamment ses usages militants au travers des tracts et des journaux, déborde vers le collectif, et d’abord parce qu’elle le vise et le construit. Surtout, elle constitue de part en part une pratique politique dans la mesure où, même quand elle entend seulement porter témoignage, elle vient ratifier ou, le plus souvent, contester un discours tenu sur le monde ouvrier, faire connaître un métier et une usine ou, plus simplement encore, transmettre la mémoire de travailleurs ordinaires.

Dès lors, par sa seule existence, elle vient se substituer soit au silence, soit aux vociférations qu’on attend ou qu’on redoute de cette classe et ainsi manifester une pensée, aussi précaire et démunie soit-elle. Même quand l’auteur se contente de copier une analyse ou des mots d’ordre élaborés ailleurs et plus haut, tel ce militant attaché à reprendre littéralement des formules de son organisation, un acte politique, parfois minuscule, est posé : car une ouvrière ou un ouvrier, supposé(e) d’abord travailler et se taire, vient prendre la parole et faire un pas de côté, qui prolonge le plus souvent celui opéré par l’organisation dans laquelle il ou elle se reconnaît.

C’est pourquoi l’écriture participe de l’émancipation, la permet, la traduit et l’amplifie tout à la fois. Contre la subordination et l’assignation au silence et à une place, un texte vient manifester un écart, pour contredire, porter témoignage, et, plus rarement, faire entendre une voix singulière. Or l’émancipation marque un trajet et opère un déplacement, au terme desquels l’ouvrière ou l’ouvrier ne se trouve pas, ou plus, là où l’on l’attendait et, peut-être, là où l’on l’espérait : il ou elle adopte en effet des positions inattendues, singulières, à la fois étonnantes et individuelles, qui signalent la trajectoire d’un sujet. L’émancipation ouvrière vient bousculer et compliquer, sans nécessairement défaire, l’assignation à la classe et à ses organisations : elle reconfigure sans cesse les partages traditionnels. L’ouvrier, dont la prise d’écriture traduit l’émancipation, vient surprendre, déconcerter, par sa radicalité ou sa modération, ses engagements nouveaux ou son retrait ; il peut alors susciter l’espoir ou l’effroi, la déception peut-être.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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Une histoire sociale et politique de la « classe ouvrière ». Loin des idées reçues, cet ouvrage sans équivalent raconte et explore « le siècle ouvrier ». Faisant la part belle aux témoignages, l'auteur trace les contours du quotidien ouvrier : travail, engagements, combats, mais aussi vie de famille, logements, loisirs. Il inscrit l'histoire de ces hommes et ces femmes dans un siècle scandé par les crises, du Front populaire à Mai 1968, en passant par les deux guerres mondiales et la crise des années 1930. Balayant bien des clichés – comme les liens indéfectibles entre partis de gauche et classe ouvrière – et investissant d'autres thèmes – les femmes, les immigrés, la « centralité » ouvrière –, cette synthèse novatrice nous livre les clés pour saisir la force et la complexité d'un monde qui incarne le XXe siècle français dans son aspiration à la solidarité comme dans sa récente déstabilisation.

Dans cet ouvrage très dense, l'historien Xavier Vigna propose, comme l'indique le titre, une histoire des ouvriers en France au XXe siècle. Qualifié de « siècle ouvrier », le XXe siècle voit en effet l'avènement politique, social et culturel de la « centralité ouvrière », avant un déclin dans les dernières décennies du siècle.

L'auteur dresse une histoire du mouvement ouvrier en France, fait quelques comparaisons avec nos voisins européens, et interroge les liens plus ou moins étroits entre celui-ci et la gauche politique, en rappelant l'existence ancienne et persistante d'une fraction conservatrice de la classe ouvrière. Il aborde également l'histoire à hauteur d'homme et de femme, en étudiant le quotidien des ouvriers, des ouvrières et de leurs familles.

Comme je l'ai dit, le texte est dense et il faut parfois s'accrocher, ou comme je l'ai fait, survoler certains passages trop détaillés (notamment certains enchainements de chiffres et de statistiques dont j'ai compris l'essentiel sans avoir forcément envie d'en connaître le détail). L'ensemble est tout de même riche, nuancé, et passionnant. Un excellent livre de référence sur la classe ouvrière française au XXe siècle.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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On aime à se dire qu'elle est essentielle. Mais, en réalité, l'amitié est souvent raillée, considérée comme futile ou invisibilisée. Dans les films, les livres, les imaginaires et les récits que l'on fait de nos parcours, elle passe presque toujours à l'arrière-plan : la jeunesse terminée, elle devrait s'éclipser au profit du couple et de la famille. Elle est ce lien que l'on sacrifie volontiers les années passant, quitte à abandonner une petite part de soi avec. Mais pourquoi le couple romantique représenterait-il l'unique façon de cheminer avec d'autres dans l'existence ?

Depuis quelques années, de plus en plus de personnes décident de revendiquer leurs amitiés et de s'engager pleinement dans ces relations. Elles y découvrent des lieux de joie, mais aussi de solidarité et de résistance face aux aliénations du système patriarcal, capitaliste et dans une période de grande incertitude écologique. Hétéros ou queers, entre femmes, entre hommes ou dans des groupes mixtes, elles et ils sont nombreux à réinventer, entre ami.es, des manières de militer, d'habiter, de consommer, de faire famille, de vieillir ensemble et, finalement, de prendre soin les un.es des autres.

Mobilisant de nombreux entretiens, des références culturelles, des études sociologiques aussi bien que des textes philosophiques, Alice Raybaud montre que l'amitié porte une dimension libératrice puissante, qu'elle peut être une force de dissidence et d'émancipation. Elle appelle ainsi à réinventer ce lien, intime et politique, et à remettre nos amitiés au centre de nos vies.

J'avais beaucoup aimé 3 : Une aspiration au dehors, l'essai de Geoffroy de Lagasnerie où il racontait le trio amical qu'il forme avec Didier Eribon et Edouard Louis et partait de cet exemple pour explorer la place prise par l'amitié, et ses limites, dans notre société. Sur le même sujet, mais sur un format plus journalistique, j'ai également beaucoup aimé cet ouvrage d'Alice Raybaud, que j'avais eu le plaisir de voir échanger sur son livre dans un entretien vidéo sur le média Blast.

A travers des témoignages, des recherches en sciences humaines, et quelques références culturelles, l'autrice interroge la place des relations amicales dans la société et dévoile des perspectives de transformations plus ou moins radicales basées sur des expérimentations qui sortent du modèle de la famille nucléaire classique.

C'est très intéressant, bien documenté, joliment écrit, parfois émouvant, et surtout très enthousiasmant !

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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Les Animaux-Villes est le titre plus ou moins officiel d’un diptyque de science-fiction française. Le premier roman, Etoiles mortes, publié en 1991, a été écrit en solo par Jean-Claude Dunyach, avant qu’il ne s’associe avec Ayderdhal pour co-écrire et publier Etoiles mourantes en 1999.

1. Etoiles mortes

Vingt-sept Animaux-Villes vivantes ont offert le voyage instantané à l'humanité, ou du moins à ceux capables de payer le tarif exorbitant exigé par le Cartel. Pour les autres, il ne reste qu'à devenir un Astral : un être désincarné qui attend que son corps le rejoigne à bord d'un vaisseau d'émigrants.

Closter, artiste en mal de création, rencontre Marika, l'Astrale qui se sert du corps des autres pour voyager à travers les mondes. L'un court après sa mémoire, l'autre après sa chair. Ensemble, ils vont traverser le miroir des apparences...

Etoiles mortes est un joli roman de science-fiction française, très poétique, parfois pas évident à suivre, mais plutôt réussi. Ce n'est pas du space-opera classique, c'est plutôt une belle histoire d'amour sur un cadre science-fictif original et réussi.

2. Etoiles mourantes

« Il est grand temps de s'apercevoir que ce qui divise les rameaux tient moins de leurs différences que de leurs similitudes, dont le racisme et l'autosatisfaction sont les pires exemples. »

Quand les Animaux-Villes ont surgi dans le système solaire pour héberger les humains, ils leur ont aussi permis le voyage instantané. Alors l'humanité s'est scindée en quatre rameaux : autant de cultures, autant de modes de vie, autant de systèmes politiques. Qui se méprisent faute de pouvoir se faire la guerre.

Aujourd'hui l'heure des retrouvailles a sonné : les Animaux-Villes ont décidé de convoyer des représentants de chaque rameau pour assister à l'explosion d'une supernova ...

Le ton de ce second roman est très différent de celui du premier, Etoiles mortes : après l'atmosphère poétique du précédent roman, celui-ci est un space-opera plus classique, épique, inventif, et passionnant. J'ai beaucoup aimé cette histoire où quatre “rameaux” de l'humanité se réunissent, accompagnés des fameuses Animaux-Villes déjà rencontrées dans Etoiles mortes, pour assister à la mort d'une étoile. Au programme : soupçons, complots, trahisons, mais aussi découverte, émerveillement et espoir.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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